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Written by Yannick Fouda, psed

novembre 22, 2021

De nombreuses personnes ont appris avec soulagement la récente décision du ministre de la Santé de prolonger de 30 jours le délai de mise en vigueur de l’obligation vaccinale pour le réseau de la santé et des services sociaux. Si d’un point de vue organisationnel cette décision était non seulement attendue et logique, il y a un élément qui demeure cependant dans l’angle mort et risque durant les 30 prochains jours d’empirer la situation.

En effet, il pourrait s’agir non pas de 30 jours de plus, mais de 30 jours de trop. Trent jours supplémentaires d’imprévisibilité durant lesquels les gestionnaires ne sauront toujours pas ce qu’il en sera pour leur équipe le mois prochain. Trente jours d’incertitude et d’inquiétude pour les travailleurs de la santé qui sont vaccinés mais ne savent toujours pas si leurs collègues se feront vacciner d’ici là et sinon, s’ils seront en nombre suffisant pour faire face à la tâche qui leur incombera. Trente jours de lutte intérieure pour ceux qui sont non vaccinés par conviction mais doivent vivre dans une tension et une pression continuelle de devoir le faire, sans compter leur angoisse de se retrouver sans revenu. Ce dernier point est certainement celui sur lequel s’appuie le gouvernement : toucher au portefeuille et même au droit d’exercer pour convaincre de poursuivre la mission de soigner. Certains ordres professionnels ont aussi emboité le pas au gouvernement.

Mais même pour ce dernier, c’est également 30 jours de plus d’incertitude à savoir si le 15 novembre prochain il aura les moyens de sa politique pour tenir son décret, 30 jours à devoir esquiver ou épiloguer sur le plan concret de contingence prévu après le 15 novembre. Trente longs jours.

Et ce délai supplémentaire, c’est très mauvais mauvais, oui je dis bien très mauvais mauvais pour la santé mentale de tout le monde. Faut-il rappeler que le stress chronique (et là ça va faire 60 jours de stress en lien avec ce décret) est relié à plusieurs problématiques de santé physique et mentale dont les douleurs musculaires, les maux de tête, l’insomnie, les troubles respiratoires et gastrointestinaux, les accidents cardiovasculaires l’anxiété, la dépression, l’épuisement professionnel ?

Parlant d’épuisement professionnel, faudrait-il aussi rappeler qu’avant même la pandémie, les recherches scientifiques s’entendaient déjà sur le fait que les professionnels de la santé et des services sociaux sont plus à risque d’épuisement que les autres professions ?

Évidemment, nul besoin de rappeler que la pandémie n’a pas aidé les choses et que, pour beaucoup, non seulement ces 60 jours de stress n’étaient pas nécessaires, mais ils risquent de constituer la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ces derniers jours, j’ai parlé à des infirmières vaccinées et nonvaccinées et, d’un côté comme de l’autre, le moral est à son plus bas et le stress est à son comble.

En conclusion, le 15 novembre, soit on réussit à avoir tout notre monde vacciné et le système continue à boiter (puisqu’il ne semble pas rouler en ce moment), ou alors on suspend comme prévu les nonvaccinés et on fait face à des ruptures de services et à une surcharge supplémentaire de travail pour les professionnels vaccinés.

Dans un cas comme dans l’autre, quel coup aura pris la santé mentale de nos professionnels vaccinés et non vaccinés ? Les études démontrent que le stress et l’épuisement sont en lien avec une diminution de la qualité de service, l’augmentation des erreurs de jugement, l’irritabilité, et j’en passe. Alors, au final, il n’y a aucun gagnant dans ce bras de fer : pile on perd et face on risque de perdre également.

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